Cet article fait suite à une publication que j’ai effectuée sur Linkedin le vendredi 13 juillet 2018.
Aujourd’hui je souhaite prendre la parole pour un « coup de gueule ».
Ce coup de gueule fait suite à un échange avec un manager chez un de mes clients.
Ce manager fait appel à moi via son service RH et de prévention, divers événements se sont produits récemment dans son service et il a demandé de l’aide.
Au cours de notre échange, il m’indique que son N+1 lui demande de faire preuve de BIENVEILLANCE.
Cette injonction à la bienveillance part certainement d’un « bon sentiment », mais je l’ai bien vu à sa réaction et à sa manière de le dire qu’il s’agit là d’une injonction supplémentaire, qui, sans autre explication, renforce ses difficultés au lieu de l’aider à mener à bien ses missions.
Effectivement, que veut dire BIENVEILLANCE posé comme ça ? « Suspendu en l’air » sans que cela ne soit raccroché à autre chose, inscrit dans des pratiques, des manières de faire, partagé et discuté collectivement et sans mise en lien avec le travail du manager au quotidien ? A peu près rien !
Sauf peut-être « zut, encore quelque chose que je ne fais pas bien et qu’il me faudrait faire, mais comment ? Et quid de mon travail d’organisation de l’activité, de régulation des équipes, de faire respecter les règles et les limites (et user de mon pouvoir disciplinaire lorsque les circonstances s’imposent) ? ».
S’agirait-il encore d’un mot à la mode, d’un mot valise décorrélé du travail réel et vidé de tout sens et de toute substance puisque dit tel quel il ne repose sur rien ? Encore un de ces mots qui induisent la confusion ? Et qui impliquent une injonction paradoxale puisqu’il faudrait absolument être bienveillant alors que manager c’est aussi exiger ? D’ailleurs, qui rechercherait la malveillance au travail, personne non ?
J’ai envie de faire le lien avec le « bonheur au travail », sujet sur lequel je suis intervenue dans plusieurs posts en commentaires et qui, là aussi, formalise une nouvelle injonction pour les salariés dans leur ensemble, extrêmement culpabilisatrice pour celui qui n’y parviendrait pas et en dehors des prérogatives de l’employeur …
Un lien aussi avec la mode des « CHO » (chief happiness officers) lorsqu’ils proposent des babyfoots dans l’entreprise ou autres joyeusetés de ce genre … ce qui permet de faire l’économie d’aller regarder dans le travail réel et l’organisation de l’activité … prérogative de l’employeur … et obligation légale !
Pas plus tard de ce matin, il était question des bienfaits du sport dans l’entreprise, autre manière de reporter la responsabilité de la performance au travail sur l’individu dans un mouvement de psychologisation (quand les résultats ne sont pas atteints). Loin de moi l’idée de dire que le sport n’est pas une bonne chose, cela fera 40 ans à la rentrée de septembre que je pratique.
Un lien aussi avec un post récent et qui proposait la courbe du deuil pour l’appliquer à la conduite du changement et expliquer la fameuse « résistance au changement ». Les réactions ont été vives et Marie Pezé a rappelé à juste titre que l’utilisation de cet outil sorti de son contexte du deuil met les managers en danger d’une procédure pénale dans le cas d’une décompensation dans leurs équipes.
Avec effroi, j’ai appris que des proches ont été formés au management avec cette courbe à bannir absolument !
Et après on déplore que les salariés ne seraient plus attachés à leur entreprise, qu’ils seraient en retrait dans leur travail, instaureraient une relation très instrumentale avec leur entreprise. Le Monde publie « La faible qualité du management français est confirmée par de nombreuses enquêtes de terrain » (06/07/2018).
Que se passe-t-il ?
Et pourtant, pratiquer un management respectueux du travail et des personnes est possible.
Et pour aider les managers des formations utilisant les concepts des sciences humaines et sociales, des sciences du travail, largement oubliées dans le monde du management et de la gestion et pourtant pertinentes, existent et donnent de bons résultats.
Je développerai ces sujets dans une autre publication.
A suivre !
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